Autour de 1983. Je pense. J’étais pas vieux.
Ma mère a échangé son Buick Skylark 1982 champagne (Mes souvenirs) pour une pimpante Pontiac FireBird 1983 Bleue Marin. (Nouveau modèle, Gen. 3 pour les connaisseurs).
J’ai de vif souvenirs de visites à Québec. Mon père se levait le matin: “Habillez-vous les enfants, on va à Quebec aujourd’hui.”. On allait passer du temps là bas, mon père achetait quelques peintures de Paque (Serge Paquet) à Jean-Luc, on aillait au Café Buade, papa achetait des truffes chez Kerulu Kerhulu pis on revenait tard dans la nuit. Je suis peut-être pas allé a Disneyland, mais j’ai ça à raconter.
Quand on allait au Café Buade, quand on commandait un steak, il y avait toujours une petite “vache” en plastique piquée dans la pièce de viande qui indiquait la cuisson (Saignant, Médium, etc.). Je les ramassais toutes. Même quand mon père y allait sans moi, il me les rapportait (Désolé, mon Google Fu me permet pas de trouver d’images des petits écriteaux).
Mais. Quelle voiture ! Ma mère l’adorait, et je pense qu’elle lui manques aujourd’hui. mais !
Si tu roulais 120 -130 (140-150 en fait) pis tu crissais calissais les brakes, la lumière de pression d’huile allumait. Ya ben juste mon père pour découvrir ça. Ça le stressait sans bon sens.
Les ingénieurs sont venus, mais ils ont jamais rien trouvé. No shit sherlock, on était au Saguenay. Les ingénieurs de Montreal auraient trouvé. Mes parents ont vendu le char; pour ça et parce que trois kiddos ca fittes pas en arrière: Ma mère était enceinte de mon frère. Je pense pas que c’est un accident. Et je veux pas le savoir.
Personnellement, j’aurais fait péter tous les gaskets de ste char là avant de le vendre. Je tuerais pour en trouver une identique aujourd’hui.
C’était une voiture fucking chic. La légende veut que ma mère aurait signé pour une Trans-Am Camaro de l’année d’avant chez un autre concessionnaire mais qu’elle arrivait pas. Elle a vu la super cool et sobre Firebird chez un vendeur (Le Burger King de chicoutimi est là asteur) et l’a achetée on the spot. Le vendeur initial (BFA ?) était pas mal pissed.
J’ai été le premier à m’asseoir en avant du bolide. J’en ai encore de vifs souvenirs. Les portes fermaient pas pareil.
Aujourd’hui, c’est un bazou avec juste un V6, mais il était chic.
On écoutait Corbeau et Pat Benatar en arrière. Ca fait aujourd’hui partie de ma compil des années 1980. Quand je pogne une de ces tounes là, j’ai une petite larme, pis je me garoche sur eBay pour voir si quelqu’un vends une firebird 1983 afin que moi aussi je puisse écoeurer un de mes amis à changer la cassette de côté à toutes les 35 minutes entre Chicoutimi et Québec. Mais le Parc est plus ce qu’il est. Ça sera jamais pareil.
Je vois encore ma soeur dormir en petite boule dans le siège passager en arrière côté conducteur pendant que Slow Motion de Corbeau commençait à jouer dans les grand speakers en arrière. Je vois encore aussi ma mère arriver dans la “Rue Fortier” tard le soir et la voir sortir de l’auto pendant que les phares escamotables se fermaient. Câlisse que ça avait de la classe.
Mon frère est quelqu’un de relativement féru en voitures. Pour lui, ça demeures “une poubelle”. Pour moi, c’est le “peak” de ma petite enfance. Comme quoi certaines choses ont une grande partie émotive. C’est une auto qui ressemble pas du tout à mon père, pourtant, il l’aimait apparemment beaucoup.
Mon père était un excessif qui brûlait un set de pneus et de brakes dans l’été sur son Buick Le Sabre Full Equip. La Firebird était équipée au minimum, je pense même pas qu’elle avait les vitres électriques, ni d’Overdrive. Mais papa la chauffait comme si elle était à clutch dans le parc des Laurentides. Au grand dam du monde qui le voyaient aller. Mais il aimait le bolide. Et à son crédit, je serais crissement pire que lui.
Pas rouge, blanche, ou noire. Bleue Marin. J’ai un soft spot pour la couleur.
Ya pas de “Si tu voulais“. C’était pas une Jaguar, ni une Ferrari, mais elle voulait….
Un jour, je vais en avoir une. Identique. Pis je vais faire une ride avec ma mère.
Je suis loin d’être un gars de char. Mais celle là…
Sur La Maison
Dans les dernières semaines, je suis retourné sur le terrain de la maison de mon enfance.
La maison est plus petite que dans mes souvenirs, mais le jardin, le jardin…
C’est mon Jardin du Luxembourg, la version de 12 minutes, incultes. Les cèdres ne dépassaient pas ma grandeur quand j’en suis parti en 1985. Aujourd’hui, ils dépassent les fils électriques. Les arbres du devant, mon père avait demandé que ce soit des arbres qui montent, sont rendus gigantesques. Le saule pleureur est plus là depuis longtemps. C’est isolé de l’extérieur. C’est beau. Ya même plus de plates bandes tellement les cèdres sont grands et larges en bas.
J’avais vu la maison dans les années 1990. Mais comme quoi on vieillit. Jamais ça m’avait fait cet effet…
Il y a un mot pour ça: Luxuriant. Je vois mes enfants y courir, une grande table en plein milieu du jardin, du vin. une glacière avec des petits cokes pour mon père. Pour moi, vu le setting et comment c’est organisé, c’est borderline un manoir. On avait la plus belle maison du Cap.
Comme la maison semble être en rénovation heavy metal, j’ai pu me promener partout dehors et snooper par la fenêtre. La “Rue Fortier” est définitivement plus petite que dans mes souvenirs et la maison aussi, mais mais…
J’en ai vu toute la signification.
Mon père m’a déjà dit qu’un big shot des USA était venu voir la maison et il capotait, que dans le fond, il pourrait jamais se payer de quoi dans le genre avant ses vieux jours. Et il a raison. Mais pour moi, ça va rester la maison où j’ai écouté “Sur la Plage” de René Simard, où un paquet d’inconnus floquaient à la Saint-jean pour voir les feux d’artifice, où j’ai roulé en vélo, où mon père a tiré les sandales de ma mère dans le foyer, où j’avais une “Fun Fountain” de Wham-O.
Je suis Jaloux. Être riche, j’achèterais cette maison là pour qu’elle se remplisse de ronces. Pour que mes souvenirs restent intacts. C’est mon Spectre de Big Fish.
En Retrospect
J’ai du mal à écrire ces mots là. Mais comme je suis pas un absolu trou du cul, je dois donner justice à ceux qui le méritent.
Comme Job (dans la bible, incultes), mon père s’est fait tirer le tapis en dessous de lui. Je serais pas mieux que lui.
J’ai toujours eu de la bouffe dans mon assiette, j’ai toujours eu un toit, même si je comprends, un peu, que ça a pas été évident.
Je comprends aussi que, avoir rien après avoir tout eu c’est une grande déception.
Je suis parfaitement conscient d’être un “fucking twisted fuck”. Ya définitivement des enfants plus satisfaisants que moi.
Je vieillis. Je suis pas prêt a revenir, just yet, mais je voulais vous donner le crédit que je vous ai injustement enlevé.
Je pense à vous autres bien trop souvent.
NDLR.: C’est un post de 2014. Je le complète aujourd’hui…