Dans les dernières années où on a demeuré dans le manoir de mon enfance, mon père a acheté un grand terrain avec un ancien Amplificateur de Signal de TV désaffecté. C’était un des derniers terrains sur le Cap Saint-François a Chicoutimi.
C’est là que mon père a entrepris, ce que je pense, son dernier grand projet. But I fucking beg to be proved wrong.
Mais avant, une petite précision. Je suis pas “né” au manoir du billet précédent. Non. En fait, j’ai été conçu après que mes parents aient posé le gazon d’un modeste bungalow 🙂 . Ma maison de naissance est un petit bungalow sur la rue Vimy. Mais j’ai aucun souvenirs de cette maison. Mais apparemment que ma tante Johanne est venue m’y garder quelques fois.
Revenons à 1985
Mon père avait fait son bureau dans l’amplificateur désaffecté. Il a ensuite entrepris le projet de construire une maison sur les terrains qu’il avait eu avec la bâtisse. Une maison gargantuesque. Gigantesque.
Le “Manoir” sur Richmond était trop petit. Ma chambre était au sous sol. Mon père aimait pas ça. Je m’en suis jamais plaint. Les boiseries, le plancher de marqueterie du rez de chaussée (Qui “tilait” sans joint dans toutes les pièces), le toit et la cuisine (four encastrée, plaque chauffante, hotte en bois franc avec le moteur sur le toit et à la fin, broyeur à déchets, quand même…) auraient eu besoin de grandes rénovations après toutes ces années.
Le jardin, majestueux, demandait beaucoup de ressources et de temps durant les étés déjà trop courts. Mes parents cherchaient clairement à déménager dans une maison moins demandante en entretien et où trois kiddos auraient leur chambre. On était trop jeune pour aider. Ma soeur aurait fucking pu faire les plates bandes. Moi j’aurais pu gosser pour avoir un tracteur pour tondre le gazon et faire des niaiseries, mais j’avais genre 6 ans…. Ça aurait jamais passé. (Maudit calisse).
L’amplificateur de signal était une weird bâtisse faite en forme de ballon de football. Ça ferait une fucking hot server room. Ça a fini par être mon bachelor. But that’s another show.
Maintenant. j’étais tout jeune. Les souvenirs sont flous.
Mon père a passé beaucoup de temps sur les fondations. J’ai passé beaucoup de temps sur le chantier à ce moment là, c’était l’été. Ya eu un va et vient de “Ready-Mix” pendant un bon bout. Moi je dis qu’il y en a eu 101. Mon frère et mon père vont argumenter, mais c’est moi qui écris. Y’en a eu 101. Bon.
Je suis tombé trois fois dans ma vie:
- Une fois à l’entrepôt corporatif de mon père. On lavait le truck bleu. Mon père avait enlevé la plate du puisard et je suis tombé dans le puisard. Je me souviens pas de la suite. Y’avait une cool émission d’humour à la radio AM qui jouait le samedi avec *je pense*
Claude Landre (Duquel j’ai eu des cassettes 8 pistes de Grand papa Remi plus tard)Louis-Paul Allard et Tex Lecor. Mon père m’a sorti du puisard par mes bretelles de salopette. - Les fondations de la nouvelle maison étaient pas complètes, et elles s’étaient remplies d’eau. Ça avait l’air de juste 2 pouces d’eau, mais il y avait quoi, 4 pieds d’eau ? On demeurait chez ma Grand mère a ce moment là. J’ai fini dans le bain !
- La troisième fois, c’est dans la trappe du chalet a l’île d’Orléans, plusieurs années plus tard. That’s another show.
Le chantier était cool. Mon père devait nettoyer le cran avant d’y couler le ciment. Il a commencé à l’eau. Après avoir inondé le gazon du voisin en bas, il a switché à l’air comprimé. S’tait cool de de “driver” une hose de pompier a 6 ans, ou un compacteur (bleu marin) plus gros que nous.
Pis là, y’a eu la grue.
Mon père avait eu la brillante idée de faire une bâtisse en béton préfabriquée. Sans rentrer dans le détail, les blocks des murs et du plafond (En béton précontraint) arrivaient sur des Flatbeds à partir d’Alma et étaient mis à leur places sur les fondations. Dans notre cas, vu le terrain, et les blocks, ça prenait une grosse crisse de grue. La seule qui faisait la job, c’est une qui appartenait à l’Alcan. Même le tâta à Guay en avait pas !
Pis elle devait traverser le saguenay pour arriver chez nous.
Mon père, a fucking fait barrer le pont Dubuc pour que la grue passe.
C’était pas une petite grue. Elle était sur chenille. Le chemin privé qui mène chez nous était “barely” assez large pour l’accommoder. La côte était trop steep. Y mouillait. Des “Graders” on dû aider à la monter en haut. Crisse, j’étais fucking là, après l’école !
Ya des légendes que je connais plus ou moins. Dont une d’un gars blessé sur le chantier qui a vu la maison “lever” de sa fenêtre d’hôpital durant sa convalescence. Ça reste de la légende pour moi. Peut-être que quelqu’un me fournira le texte…
La maison a été prête quelques jours avant Noel en décembre 1985.
J’ai un grand souvenir de la première nuit que j’y ai passé. C’était noir, Lugubre au cube. J’entendais mes parents au loin dans la cuisine. Pour une question architecturale, les hauts des murs de nos chambres donnaient dans le couloir.
Ma seule lampe était une lampe Baz. Les plafond de ciment étaient à quoi ? 10 pieds ?
Mais bon. C’était pour le mieux, apparemment. Ça l’a jamais été. C’était le “pride and joy” de mon père. Encore aujourd’hui, il se refuse à la vendre. Je suis mal placé pour parler, étant un gardeu borderline “hoarder”. Pis dans le fond, je le comprends. Tellement. Je lui ai juste fait comprendre, il y a longtemps, que ce serait pas un cadeau d’en hériter quand lui et maman auront finalement busté. On va tous buster un jour.
C’est quelque chose de trop Bold, de trop weird pour être vendu. Ya pas beaucoup d’excentriques qui pourraient acheter ça.
Ma chambre avait 15 par 15. On avait une cour gigantesque. C’était boisé. First world problem de chialer. J’avais une fucking porte patio dans ma chambre ! La vue de la galerie surplombais le saguenay. On voyait tout dans ce temps là, les fucking arbres étaient pas là. Ces arbres là sont pires que la remise de M. Dufresne chez ma grand mère. That’s another show
“True Blue” de Madonna jouait chez nous le samedi. Y’avait un poster dans la pochette du vinyle. Mon père avait un Buick Regal Somerset qu’il torchait a 140 + Km/h dans le parc dans lequel “Pat Benatar” Tropico jouait en boucle. On a jamais su la vitesse passé 140 KM/h. L’affichage numérique flashait passé 140… Mais pour avoir fait le parc avec lui, le 140 flashait constamment… Happy days. Le radio était weird mais elle avait plein de fonctions. Dont des petites briques numériques vertes pour l’égalisateur pis fuck, on avait l’auto reverse ! Les pitons des vitre électriques et de miroirs électriques, dans la console centrale, ont été beaucoup de trouble….
C’était un beau plan. Mais la vie est venue mettre une patate dans le tuyau d’échappement. Ça a été la fin du Big Loader, Du Merry Go Copter et du Merry Go Train. Le Merry Go Zoo a toujours été brisé.
Le marché de la construction a crashé. Solide. Quand mon père s’est rendu compte qu’il payait ses employés plus cher que lui, il a fermé la compagnie familiale qu’il avait racheté de ma grand mère plusieurs années avant. Fini les “Oeils de Boss” de la Consol, le “cass” blanc de mon père qui trainait sur le banc de l’entrée.
Il a fait toutes sortes de job après. Agent d’immeuble, espèce d’homme à tout faire dans une boite d’ingénierie…
En gros, depuis la fin des années 80’s, mon père n’est plus ce qu’il était. Il a certe tiré son épingle du jeu admirablement, mais comme lui me le disais: “La Manne est passée”.
Durant toutes ces années, ma mère a travaillé a l’hôpital de chicoutimi. Sa situation a changé plus tard, mais ça aussi, that’s another show
Mon père est un excessif, comme moi. Et probablement comme mon garçon Rémi le sera. La vie est plate en calisse sans les excessif. On est haïs sans borne, on se fait trop rarement remercier de ce qu’on fait. Mais c’est quand même les excessif qui ramènent le pendule de l’autre côté.
Papa… parce que pareil. Ça reste mon père. J’ai pas le choix. Je dois vivre avec. Comme lui doit vivre avec le fait que je suis son fils.
Mais là. J’ai déraillé.
Je sais pas si j’ai pogné des mauvais prof, si l’école est faite pour des filles, si j’ai manqué d’attention ou d’affection, ou si l’école était juste trop plate pour un fucker comme moi. J’ai été un enfant relativement dissous au primaire.
Je sais que j’étais curieux et patenteux. Dans le “Manoir”, le “Coqueron” en dessous de l’escalier était partagé entre un aspirateur central mauve et la boite pour un bain remplie de ferraille et de patentes. C’était pas sexy. Ça impressionnait pas la belle Valérie. Mais c’était mes patentes.
Mon père s’est déjà réveillé un matin et j’avais fait une structure avec des tuyaux d’ABS et je mettais de l’eau dedans. Mais le hic c’est que ça se vidait plus loin sur le plancher.
Mon père m’avait donné une “poignée” de hose. Un après midi ou il était tanné que je joues dans l’eau il avait enlevé la poignée de la hose dehors. Je suis entré dans la maison et j’ai pris la poignée (Plus grosse en plus) qui s’était retrouvée dans mon bac de Lego et j’ai rouvert la hose. Papa fâché !
Ouais, j’étais un kid comme ça. Une tache. Une tache intelligente, mais pareil.
Mon fils me ressemble, je le savais, mais j’en ai eu la certitude au chalet de Gilles cet été. Il a fait des guimauves dans un feu de camps avec un balai à pelouse ! 12 guimauves de la shot. Ptit crisse.
Y sera pas syndiqué, lui.
Y’avait déjà eu des signes avec la garderie que des affaires trop strictes marcheraient pas avec moi. Mais bon. Je sais pas ce que je suis. Encore aujourd’hui. Je sais que je suis un gaucher contrarié qui écris super mal. Un freak misfit qui fitte nulle part mais qui réussi a tout arranger. Mais qu’on remercie tellement pas souvent.
Mais la vie a été merdique. Les huissiers étaient constamment à la maison. J’ai eu connaissance au moins une fois d’un qui a pris un café avec mes parents. On en rencontrait par hasard en ville des années plus tard et ces gens là avaient un profond respect pour mes parents.
Je ressasserai pas ce que j’ai dit dans les billets d’avant. J’ai bavé durant mon passage a l’école publique. Pas d’informatique, pas de créativité. C’est de la marde institutionnalisée. Si on m’avait donné un projet, on m’avait laissé découvrir et m’exprimer, je persiste à croire que du moins, je serais plus heureux aujourd’hui. J’ai été écrasé par le système, un système sans visage qui ne me comprenais pas. On m’a dit que j’étais violent, a un certain moment. J’en ai pas le souvenir, mais encore aujourd’hui, dans mes cauchemars, mes coups de poings sont ralentit comme de la mélasse et je peux pas frapper personne. Je peux pas me défendre.
La maison sur Roussel sera toujours synonyme pour moi de la fin de mon enfance. De ce qui a fait perdre les moyens a mes parents, comme un grand ravin sur une route qui devait être synonyme du bonheur et de la quiétude. D’un beau projet qui a viré au cauchemar, ajouté au Reality Distortion Field de l’adolescence. J’ai été un ado très frustré. Pour diverses raisons. But that’s another show. Mais je le voulais mon ostie de scooter. J’avais pas eu de Big Wheel.
Ce post là. C’est pour mon père. Je souhaite qu’il existe encore comme je l’ai connu il y a plus que 30 ans. Mais j’ai le feeling que c’est trop tard pis je peux probablement rien y faire…
Moofo !
J’ai fait un petit calcul rapide. Il m’en coûterait 4,73$ par mois, sur 300 mois (25 ans) pour acquérir “La Forteresse”, moyennant un léger down-payment de 598.000,00$.
Je trouve ça dommage parce que, à 4,63$ par mois j’aurais été capable de l’acheter. Mais 4,73$, c’est malheureusement bien au-dessus (dix cennes par mois) de mes maigres moyens.
Désolé, mais à un autre la chance !
🙂